La municipalité régionale de comté d’Abitibi (MRC d’Abitibi) est, depuis toujours, une terre d’accueil.
Il y a un peu plus de 100 ans, ce sont les autochtones qui ont accueilli et accompagné des gens de partout. Du Québec, mais aussi d’ailleurs. L’intégration dans cette terre de forêt et d’eau a été animée par une volonté de prendre racine dans un nouveau terreau et de baigner dans un environnement où tout semblait possible. Nous voici dans un cycle florissant de nouveaux arrivants, venus ici pour vivre, s’établir, travailler ou étudier.
Aujourd’hui, nous vous présentons Thierry Nombamba Ouedraogo et Simon Ndikwa Tchopkreo.
Thierry est originaire du Burkina Faso et Simon est originaire du Cameroun.
L’un en Afrique centrale et l’autre en Afrique de l’Ouest, deux pays où les modes de vie sont très différents. Et pourtant, ils se sont trouvés ici, à Amos, en Abitibi.
Simon est venu en Abitibi, d’abord pour étudier à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Ensuite, il s’est installé à Amos pour le travail en 2020. Il est ingénieur électrique.
Thierry a d’abord étudié à Moncton au Nouveau-Brunswick en 2018. C’est également le travail qui l’a amené à Amos en 2019. Il est ingénieur civil.
Thierry mentionne : « Ce n’est pas nous qui sommes venus à Amos, c’est Amos qui nous a attirés et nous a retenus. Amos nous porte chance. Ce n’est pas un hasard si nous nous sommes rencontrés ici. »
L’histoire de leur rencontre témoigne de ce clin d’œil du destin. En 2021, Thierry recherchait un covoiturage pour un ami. C’est Simon qui a offert de le conduire. Après ce transport, son ami lui a parlé de ce sympathique conducteur, ce qui a suscité la curiosité de Thierry. Ils ont fait de plus amples connaissances et ils ont rapidement découvert qu’ils avaient des valeurs similaires et tous les deux, la volonté de créer une épicerie internationale. Le lien de confiance s’est développé autour de ces valeurs et de ce projet commun.
Sur cette base, ils sont allés vers le centre local de développement (CLD) Abitibi qui, selon leur expérience, est « le partenaire par excellence pour monter des affaires ». Le conseiller en développement leur a recommandé de discuter avec Geneviève Ouellet, co-propriétaire du magasin Écolovrac pour en apprendre davantage sur le système de gestion, la caisse, l’inventaire, etc.
C’est ainsi qu’en discutant, le lien de confiance s’est aussi créé avec Geneviève et elle leur a mentionné son intention de vendre le commerce. Alors au lieu de partir de zéro, voilà que l’opportunité de développer leur idée à partir d’un commerce existant s’est présentée. Ils ont travaillé plus d’un an pour développer leur projet : élaborer un plan financier, trouver des fournisseurs, réfléchir aux actions publicitaires et commerciales, arrimer le fonctionnement à celui d’Écolovrac, tout en respectant leurs valeurs. L’objectif est d’offrir une gamme de produits internationaux, diversifiés à Amos, tout en conservant la mission « zéro déchets ».
La SADC Harricana a également soutenu leurs démarches. Les ressources de soutien aux entrepreneurs sont très appréciées. Ils sont tous les deux très reconnaissants de l’accueil du milieu, de leur rencontre avec Geneviève et des employés d’Ecolovrac qui ont accepté de rester avec eux pour les aider à continuer la fluidité du fonctionnement quotidien, car tous les deux poursuivent leur carrière d’ingénieur, tout en développant leur projet.
Lancer une entreprise dans son lieu d’accueil, c’est toute une intégration !
Parmi les activités autres que le travail ou la boutique, Thierry et Simon aiment la pêche en été. Ils ont une chaloupe, leur permis de pêche, de port d’arme, de navigation, etc. À la blague, ils mentionnent : « Avec toutes ces cartes, on se sent vraiment québécois ! » Ce sont de bons pêcheurs. Ils naviguent sur le lac Preissac, la rivière Harricana, dans le parc de La Vérendrye, et à Angliers.
Les lacs en été et en bateau, ça va. La pêche sur la glace, le patinage, c’est non. Ils ont eu des invitations pour y aller, mais ils ne peuvent tout simplement pas se figurer que l’eau devient assez dure pour les porter.
Simon et Thierry conviennent qu’Amos est le meilleur endroit où vivre parce qu’Amos leur porte chance. Le sentiment de sécurité et la tranquillité caractérisent la ville ; « Les gens sont encore patients ici. C’est une petite ville et l’on y retrouve encore le sens de l’humanisme. L’entraide, la politesse, le partage. »
Pour illustrer cet humanisme, Thierry nous raconte sa plus éprouvante journée de tempête d’hiver. L’apprentissage de la conduite hivernale se fait à la dure. Il lui est arrivé trois situations difficiles dans la même journée. Il nous raconte les deux situations les plus difficiles de la journée.
En début de journée, il a été pris dans le stationnement. Quelqu’un est arrivé avec sa « pépine » et il la déprit.
Après sa journée de travail, sa voiture est restée prise en essayant de rentrer dans son garage. Découragé, il discute avec sa famille au Burkina Faso et réfléchit à la situation. En regardant par la fenêtre, il voit son voisin avec son pick-up en train de sortir son véhicule de là. Impressionné, il retourne à son garage pour remercier chaleureusement son voisin. Il lui demande conseil pour remettre la voiture dans le garage après usage. Le voisin est reparti pour aller chercher sa souffleuse et lui faire un beau chemin pour rentrer la voiture dans son garage.
Il est mille fois reconnaissant d’être dans ce milieu où, dans les situations les plus difficiles, on trouve soutien et entraide. Ils ressentent un grand respect de la part des Amossois envers les personnes immigrantes. Les gens sont intéressés à savoir d’où ils viennent et ils sont toujours heureux de discuter. À leur arrivée, ils ont participé aux activités du Mouvement de la relève d’Amos-région (MRAR) et ont aussi mentoré quelques nouveaux arrivants. Avec la boutique et l’approvisionnement en produits internationaux et surtout africains, ils pensent offrir des ateliers de découverte culinaire.
Notre lieu de rencontre : La ruelle tout juste à côté d’Écolovrac. C’est un endroit qui illustre bien l’épanouissement de nos deux compagnons avec leur nouveau projet.
Ils remercient tous les partenaires du milieu qui les ont accompagnés et les anciens propriétaires du magasin Écolovrac qui les ont guidés dans cette belle aventure.