La municipalité régionale de comté (MRC) d’Abitibi est, depuis toujours, une terre d’accueil.
Il y a un peu plus de 100 ans, ce sont les autochtones qui ont accueilli et accompagné des gens de partout, du Québec et aussi d’ailleurs. L’intégration dans cette terre de forêt et d’eau a été animée par une volonté de prendre racine dans un nouveau terreau et de baigner dans un environnement où tout semblait possible. Nous voici dans un cycle florissant de nouveaux arrivants, venus ici pour vivre, s’établir, travailler ou étudier.
Nous vous présentons Mouhcine Aynouche, marocain d’origine, immigré au Québec avec ses parents alors qu’il n’avait que sept mois, et policier du corps de police autochtone de Pikogan depuis 2022.
Sa langue maternelle est l’arabe, mais croyez-moi, il parle sans accent, il connait et utilise toutes les expressions québécoises. Dans son quotidien, il utilise plus souvent la langue française.
La première chose qu’on remarque lorsqu’on rencontre Mouhcine, c’est son accueil à l’autre. Peu importe qui se trouve, devant lui, il se place en mode écoute, il observe, analyse rapidement et crée un contact humain et respectueux. Son parcours professionnel a sans doute contribué à déployer son talent naturel pour les relations humaines.
D’abord arrivés à Montréal, comme toutes les personnes immigrantes, ses parents ont demandé conseil au personnel de l’auberge de jeunesse où ils étaient installés pour trouver une ville plus paisible et moins urbaine. Les parents de Mouhcine, qui ont quitté Casablanca au Maroc, se sont installés au nord-est de la ville de Québec (Limoilou, Charlesbourg). C’est donc avec des valeurs parentales marocaines, bien ancrées et dans une communauté bien québécoise que Mouhcine a développé sa personnalité. Il a suivi son parcours scolaire complet à Québec. Après avoir terminé ses études en techniques policières en 2010, il est allé occuper un poste de policier (non armé) à Kuujjuaq dans le Grand-Nord, sa première expérience réellement nordique. Après Nicolet, il est embauché au poste d’Obedjiwan et Wemotaci, communautés Atikamekw, en Mauricie. Il y est demeuré 3 ans.
Le service de police du Canadien National (CN) vous connaissez ? Mouhcine y a travaillé durant plus de sept ans dans l’est de Montréal. La police du CN œuvre, notamment, à la sécurité routière autour des passages à niveau. On n’y pense pas vraiment, mais le secteur du transport au pays est névralgique.
Il a donc connu le Grand-Nord et la métropole. Le choix du métier de policier est, en partie, une manière de redonner et de contribuer à la société qui a accueilli sa famille. Dans le cadre de l’exercice de son métier, Mouhcine reconnaît et connaît les défis de l’immigration.
Mouhcine a rencontré sa conjointe à Montréal en 2020. Par le plus total des hasards, elle est également Marocaine et native aussi de Casablanca. Cela a été une occasion de remettre en question et faire évoluer leurs objectifs de vie. Le rythme de vie montréalais ne convenait plus à leur vision d’avenir. En 2022, ayant obtenu l’information qu’un poste était disponible au corps de police de Pikogan, il a saisi l’occasion de poursuivre sa carrière ici. Il a commencé en réalisant des quarts de travail de sept jours, alternant avec des allers-retours à Montréal. Quelques mois plus tard, et après des recherches sur la vie en région, ils ont convenu de venir s’installer à Amos. Sa conjointe travaille également ici depuis 2023.
Mouhcine est conscient du clivage social entre les communautés autochtones et les villes. C’est une réalité qui est présente ici aussi dans la MRC d’Abitibi mais il peut sentir les ponts qui se reconstruisent peu à peu. Par son métier, il peut contribuer à construire ce pont. L’intégration demande des efforts pour se connaitre et se comprendre, qu’on soit autochtone, qu’on arrive d’une autre région ou d’un autre pays.
Il est fasciné par la résilience des autochtones au fil des décennies. À Pikogan, on l’appelle Moose. Il aime beaucoup cette communauté. Il vibre bien avec cette population. Comme c’est une population tissée serrée. Tous les événements qui touchent une personne ou une famille touchent tout le monde. Le corps de police se doit d’être à l’affût de ce qui se passe pour préparer les interventions préventives, humaines et correctives s’il le faut. C’est une dimension très différente du travail de policiers urbains, car ici, on sent qu’on peut réellement intervenir en prévention.
Ici, les opportunités sont infinies, les possibilités de se développer et s’épanouir sont beaucoup plus grandes. À Amos, on se sent en sécurité, on vit dans le calme. De plus, les déplacements sont fluides et beaucoup plus rapides qu’à Montréal, à Casablanca, ou toute autre grande ville ailleurs. Les interactions dans les commerces et la qualité du service sont plus humaines. Mouhcine apprécie toutes les saisons. L’accès à la rivière, la navigation en été, les sports d’hiver, la nature envoutante. Il a choisi la ville d’Amos parce qu’elle est propre, sécuritaire et l’atmosphère est douce, le voisinage est aussi très agréable.
Mouhcine et sa conjointe souhaitent fonder leur famille ici. Ils apprécient le fait que tous les services essentiels sont à proximité, les écoles, les activités, la nature, le bon voisinage, les valeurs familiales, etc. Les possibilités de s’impliquer et de faire une différence sont multiples. C’est vivant malgré la grosseur du milieu. Il n’a pas encore eu l’occasion d’aller au cinéma, il a assisté à un spectacle d’humour avec sa conjointe, il joue au soccer avec des immigrants d’autres pays. Il compte bien prendre le temps prochainement de visiter plus les alentours de la ville d’Amos, et participer à des activités.
Merci, Mouhcine « Moose », pour cette rencontre chaleureuse et inspirante !